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Saint Bertrand de Comminges

Par Semeac


 Aujourd’hui, mi-mars, le temps est très doux, digne d’un temps de printemps; le but de notre balade est d’aller visiter à nouveau Saint Bertrand de Comminges, que nous avions visité dans les années 1980. Si vous faites une recherche sur internet, on vous parle de Mont Saint Michel des terres, d'une cité très ancienne fondée voilà plus de 2000 ans, avec un passé riche et tumultueux. Les Romains sont passés par là, la colonie était importante avec plus de 10000 habitants au II° siècle, les Vandales aussi. Les saccages, les guerres de religion, les changements de nationalités, la Révolution ont laissé leurs traces. Saint Bertrand n’est pas très loin de Tarbes (65Kms) mais dans le département voisin, le 31.

Nous avons sorti la PC, fait chauffer le moteur et sommes partis rondement car l’autoroute est à deux pas.

 Saint Bertrand de Comminges se voit de loin grâce à sa cathédrale Sainte Marie. La pierre blanche se détachant des monts noirs de fin d'hiver. Ce n’est pas une cathédrale mais un « vaisseau cathédrale » dressé sur son sommet rocheux, au bout d’une ligne droite d’asphalte tracée sur cette basse plaine. Vous ne pouvez pas ne pas la regarder tandis que vous en approchez.

Tandis qu’on arrive lentement, on est un peu intimidé par cette vue en hauteur. De là-haut des siècles vous contemplent. Il y a quelques temps, quelqu'un d'autre était à votre place, regardant d'autres enfants qui passent, mais lui était à cheval alors que vous, aujourd'hui, êtes sur votre monture de plastique et de métal.

 De gauche et de droite, des vestiges gallo-romains au ras du sol vous indiquent que sous terre dorment des tas d’histoires humaines. Il vous remonte alors les tumultes de la préhistoire, les grondements des cohortes romaines, les hurlements des invasions barbares, le tintamarre des tocsins de religieux en guerre.

 Le ronronnement de la PC, encore atténué par le casque, est à l’unisson avec le calme qui règne aujourd’hui, bien en dehors de la période touristique, avec son flot de cars bondés et de crépitements photographiques. On arrive au pied de la colline et prestement la PC colimaçonne jusqu’au sommet.

Nous posons pied à terre sur le petit parking face à une des portes qui donne accès à la ville médiévale. Il y a peu de voitures, mais à moto, pour se garer il n'y a jamais vraiment de problème. Derrière nous, la vallée en contre-bas et devant, la porte Sud. 

On croit rentrer dans Cordes ou dans Eze ou dans n’importe quel village perché. La topologie de tels lieux oblige aux mêmes coups de crayon, à la même architecture, au même esthétisme.

Ruelles qui grimpent à droite, ruelles qui dégringolent à gauche, le regard ricoche sur les pavés de pierres, les arêtes des murs et les perspectives forcément fuyantes. Quand on est à pied, les fontaines sont naturellement des haltes, aujourd'hui comme hier.

Les portes basses de bois sombre et de fer plus que sombre ne dévoilent rien des secrets enfermés depuis l’an 15.., date gravée au dessus. Ici les postiers sont des notables. Les gens d'ici doivent écrire des tas de lettres juste pour avoir le plaisir d'aller à la Poste pour poster.

Au détour d’une de ces ruelles, l’impressionnante bâtisse paraît. Eglise ou forteresse, c'est selon. Elle veille sur les corps autant que sur les âmes. Mirador surveillant les va et vient des ombres et des pensées.

Le parvis pavé de galets ronds des gaves, pentu pour vous forcer à méditer que tout se mérite.

Elle n’est pas belle, elle est impressionnante et austère, de l’époque ou esthétique était synonyme d’enfer. Pas beaucoup de fioritures au dessus de l’entrée sobrement romane. Bizarrement dans le sas, il n’y a que la porte de gauche qui s’ouvre.

Au sol, des pierres tombales de toutes tailles vous font dire que vous n’êtes pas les premiers. La nef principale surprenament gothique, se perd tout là haut dans l’obscurité. Aux parois lisses des murs nus, s'opposent  les couleurs saturées des reliefs.

 Les vitraux n’arrivent pas à accrocher le regard, les habitués des prestigieuses cathédrales ne vont pas trouver leur bonheur, à part là, sur votre gauche, la pièce maîtresse : un orgue majestueux du XVI° siècle, pièce principale du festival international de musique qui a lieu tous les étés.

Nous reprenons la route, après cette halte de calmitude. Dans ce coin du Comminges, piémont pyrénéen, c’est plein de collines cernées de bandes de terre plates. Cela ressemble un peu à des taupinières sur un gazon fraîchement tondu.

Cela me rappelle vaguement  les paysages de Hoa Lu, la Baie d’Ha Long terrestre en plus soft, les collines émergeant d’une manière moins abrupte.

Le paysage est zébré de petites routes au revêtement moyen, où il faut parfois faire attention aux manies qu’ont les cantonniers de jeter çà et là, au gré de leur humeur, des pelletées de gravillons qu’ils laissent aux véhicules le soin de disperser. Les routes slaloment entre ces collines, avec parfois des petits cols comme le col des Ares, rendez vous de tous les grimpeurs cyclistes du coin. On en croise plein, avec des visages de hargne et de sueur, en attente de l’extase de l’après effort.

C’est un coin d’une tranquillité absolue, parce qu’en dehors des axes vers les stations de ski. Les centres de villages sont souvent traversés par des petits cours d’eau claire dans laquelle on peut apercevoir de petites truites à l’affût dans les zones exemptes de turbulence.

C’est un coin majoritairement rural dont rêvent les Anglais quand ils rêvent de France. Home sweet home, so lovely et tutti quanti

Voilà un petit coin de France, qui vaut bien un détour en cette période de fin d'hiver, quand ligne bleue du Comminges s'aligne sur celle des Vosges.

 Saint Bertrand de Comminges se situe dans le rond en bas à droite de la carte

 

 

 


Mis à jour le Samedi, 02 Juin 2012 18:00