Home / Album - Balades / Oh Bilbao
Oh Bilbao
Écrit par Chrise&Semeac   

 Cette sortie était dans notre tête depuis fort longtemps déjà. Il fallait seulement se décider. 15 ans que ce fameux musée existe, 15 ans à être passés à côté. Bilbao n’est qu’à 300kms de Tarbes. Avec la visite du musée Guggenheim, on a ficelé un aller-retour Pays Basque de l’intérieur et Côte Basque Espagnole, 2 belles balades, bordées de vert pour l'une et de bleu pour l'autre. Il suffit d’un gros week-end, et le mois de Mai en est farci. Pour la côte malheureusement, le temps pour cette fois-ci n’était pas de la partie, mais on reviendra. Bilbao que l'on comparait à Liverpool à cause de sa friche industrielle est revenue sur le devant de la scène des coins fréquentables depuis la création de son musée innovant. Quand on visite Bilbao, on peut dire qu'il y a bien un effet Guggenheim.

 

 Pour le Pays Basque, du côté Français comme du côté Espagnol, le vert domine. Sur leur drapeau, ils se sont trompés, le fond doit être vert et pas rouge. Les croix doivent être rouge pour l’une et blanc pour l’autre. La forêt est en train de reverdir, le vert fragile des hêtres au printemps ressort bien sur le vert des estives qui se renforce de jour en jour avec l’arrivée des chaleurs, pour le plus grand bonheur des motards et des moutons blancs.

 

  Saint Jean Pied de Port, un des villages du Pays Basque le plus visité, est une étape incontournable avant de passer la frontière. Pied de port veut bien dire ce que cela veut dire: le port, par ici c'est le col. Les pélerins de Saint Jacques de Compostelle le faisaient déjà il y a bien longtemps. Ils foulaient les mêmes pavés en pente, ils devaient regarder les mêmes truites dans les eaux claires de la Nive qui coulait déjà sous le pont.

 

 Pas loin de Saint Jean Pied de Port se trouve Saint Etienne de Baïgorri. Passé saint Etienne,  on prend de la hauteur pour passer le col. La route doit suivre la piste des contrebandiers d'antan. Il y a des cols tout le long de la frontière et à chaque col il y a des Ventas, bien connues des frontaliers qui viennent y faire leurs courses et un bon repas. La différence de coût est nettement érodée de nos jours, mais c'est toujours un but de sortie et d'ici la vue est depuis toujours incomparable. C'est aussi un point de départ pour de belles randonnées.

 

  On passe la frontière espagnole au col d’Ispéguy. La route alors tournicote dans tous les sens. Sur le GPS, la route se faisait même des nœuds. Si au col vous avez fait bombance, c’est la nausée assurée. Ca tourne vraiment, difficile de prendre de la vitesse et donc de l’angle car c’est le tout droit assuré. Plus à l’Est, après Arnéguy, la route est bien plus large, les virages mieux formés. C’est le domaine de prédilection des Pedrosas et autres Stoners. Si vous passez par là, vous verrez qu’ils s’arrêtent au poste d’essence juste à la frontière pour faire le plein et après une pause cigarette, remontent sur leurs roadsters et grimpent 4 à 4 les virages qu’ils avaient descendus précédemment. Quand vous les croisez, inutile de leur faire un salut, ils sont couchés, au raz du bitume absorbés dans leur monde.


 
 Dans la région nord de la Navarre, le paysage ne change pas. On sent bien que malgré la frontière, c'est le même pays, les maisons se ressemblent et les noms des villages ont les mêmes consonances. On glisse en Guipuzcoa puis en Bizkaia. Le Gps nous guide sans faillir. Il nous fait éviter les autoroutes comme programmé. A 18h nous entrons dans Bilbao. Je craignais les embouteillages mais cela n'a pas été le cas. Le Gps nous mène directement à l'hôtel sans hésitation et sans détour. Le GPS est une belle invention, je ne le dirai jamais assez. A côté de l'hôtel se trouve l'église de La Encarnacion et le museo Diocesano de Arte Sacro.
 
 
 
 
 L'hôtel se trouve également à côté du Casco Viejo, la vieille ville avec ses Siete Calles qu'on rejoint à pied, en quête d'un petit restaurant car il est déjà 20h30 et mon estomac dans les talons, même si pour les Espagnols c'est encore trop tôt pour passer à table. Les rues de la vieille ville sont essentiellement piétonnières. Il faut dire que la largeur de certaines fait que seul deux marcheurs peuvent se mouvoir de front. Les balcons fermés donnent aux maisons un style particulier.
 
 
 
 
 
Au fur et à mesure qu'on approche, le brouhaha s'amplifie. Les ruelles sont remplies de monde, debout, un verre à la main, devisant gaiement. En majorité, ce sont des jeunes mais quelques représentants du 3° âge se distinguent également. Cela se passe devant les bars et des bars, il y en a beaucoup. Mais bizarrement pas partout, il y a des rues tristement vides. Qui peut nous dire le secret de la renommée?

  
 

Avec le vin mais surtout la bière voire du sidra, ils s'offrent quelques pintxos, sortes de tapas Basques, pour tenir la distance car la soirée ne fait que commencer. Ces attroupements surprennent, ce n'est peut-être pas propre à Bilbao et au Pays Basque mais jusqu'à présent, je n'avais pas vu pareils rassemblements ailleurs, surtout quand il n'y a pas d'occasion spéciale et de plus en plein milieu de semaine. Je comprends mieux maintenant ce que j'avais lu sur "Le Petit Futé" ...à Bilbao, vous allez comprendre ce que s'amuser veut dire...qu'est ce que cela doit être les samedis soirs. Autre recommandation du guide: ne pas prendre un hôtel dans la vieille ville si vous aimez la tranquillité.

 
 
 Pas de problème pour trouver une table, vu que tout le monde est dehors. Quand nous ressortons du restaurant, les gens étaient toujours dehors. Il faisait sec et les pintxos sont délicieux mais attention à la note finale. Le lendemain à 9 h, les ruelles étaient bien plus désertes, on ne peut pas être et du matin et du soir. Durant le nuit, la pluie est entrée dans les terres, mais pour visiter Bilbao, pas besoin de sortir la moto. Nous avons acheté une Bilbao Card qui donne droit d'accés à tous les moyens de transport de la ville.
 
 
 
 
Les Bilbao Cards s'achètent dans les offices de tourisme mais qui n'ouvrent qu'à 11h. Il est inutile d'être matinal à Bilbao. Les trams d'ici ressemblent aux trams d'ailleurs, mais ici, leurs fenêtres servent de supports publicitaires. Les voyageurs peuvent bien sûr voir ce qui se passe à l'extérieur. C'est bizarre, cet engouement général pour un moyen de locomotion qu'on a à un moment jeté et qu'on prend aujourd'hui pour uptodate. Le compostage des billets se fait sur le quai, on a eu droit à un contrôle des billets. Le tram ne comporte qu'une ligne et bien sûr, il y a une station 'Guggenheim".
 

 
Le tram nous dépose à 100m du musée. Le musée Guggenheim n'ouvre qu'à 10h. On a beau avoir vu celui ci en photo dans un magazine, le voir en vrai ne laisse pas indifférent. La structure vieillit bien. Les écailles de poisson en titane chères à F. Ghery brillent toujours même 15 ans après. On dit qu'étant gosse, il était fasciné par la vue des carpes sauvages que sa mère ramenait du marché. Il passait des heures à contempler les écailles dorées des poissons.
 
 
 Plus qu'un poisson, on dirait un bateau navigant sur le Nervion, plutôt en rade car la cheminée ne fume pas. Bilbao n'est pas loin de l'océan, ici on est habitué aux visions de scènes maritimes. Bilbao a eu une riche ère industrielle, ici on est habitué à contempler des usines à gaz. Les feuilles de titane ne se travaillent pas facilement, elles peuvent sortir des process de fabrication tantôt mates tantôt brillantes. Il paraît qu'il a fallu des mois d'essais pour pouvoir sortir les plaques à l'identique.
 
 

 Ghery ne doit pas aimer la ligne droite, tout n'est que courbes dans son oeuvre, sauf le plancher. C'est facile de tracer des arabesques à la main sur une planche à dessin, la réalisation des formes gauches l'est beaucoup moins. Pour son oeuvre, Ghery a utilisé des logiciels du genre Catia, vous savez ce qui sert à dessiner les Airbus. Du coup vous constatez que tout est aérien, il faut dire que la hauteur y est pour beaucoup, mais également les parois en écailles de verre.
 
 

 Un autre à aimer les courbes et le métal, c'est Richard Serra avec sa Matière du Temps. Oeuvre permanente vu la taille de l'oeuvre, vu le poids, du bon acier de 50mm à 60mm d'épaisseur. Pas étonnant qu'ArcelorMittal ait sponsorisé. Une oeuvre reposant sur une association de portions de formes toriques et elliptiques qui font que lorsque vous évoluez dans les dédales, l'espace s'agrandit et se rétrécit constamment. La couleur rouille des volutes est étonnamment douce, bien maîtrisée par Richard Serra. J'ai admiré le jointement des plaques, du travail d'artistes. Cet oeuvre constitue "...la réflexion la plus aboutie de l'artiste sur la physicalité de l'espace et la nature de la sculpture..."
 
 
 Les oeuvres maîtresses sont toujours là, dans et hors du musée et toujours fonctionnelles comme les projections de fog de Fujiko Nakaya. "Les scultures de brumes ne s'attardent pas sauf dans la mémoire", dit elle. Une autre oeuvre qui ne manque pas de finesse, c'est la Maman de Louise Bourgeois. Une oeuvre tout en métal...quand je vous disais que le musée Guggenheim valait le détour. Une araignée maman, Louise devait avoir un lien tendu avec sa mère.
 
 
 
 Devant la porte du musée se trouve Puppy de Jeff Koons. A la différence des Tulips, ici les fleurs sont vraies, des pensées. La statue change donc de couleurs au fil des saisons et des années qui passent. Je n'ai pas observé la matière du support, j'ai juste vu que des moineaux batifolaient parmi les fleurs. Une once de chaleur dans cet univers beau mais froid et ce n'est pas le temps qu'il faisait lors de notre visite qui me l'a soufflé à l'oreille.
 
 
 
 L'arche rouge, c'est du Buren. Ici je conteste moins, même pas du tout tellement que c'est en harmonie avec l'ensemble. Devant c'est du Anish Kapoor. C'est beau mais je ne saurais vous dire pourquoi. Ecoutez l'audioguide portatif, vous allez être émerveillé, devant ce que vous percevez comme  un rien, il vous raconte ce que  vos yeux de profane n'ont pas réussi à voir.
 
 
 
 L'entrée est en soi discrète, en descendant quelques marches. L'exposition temporaire du moment porte sur les oeuvres de David Hockney. C'est plein de nature, c'est plein de couleurs mais j'avoue que devant des tableaux, je baille un peu, les formes, la matière me parlent davantage.
 
 
 
 
 Dans la ville même, on peut dire qu'il y a un effet Guggenheim. La moindre passerelle se remarque, comme le ZubiZuri, Pont blanc en basque. C'est en métal, c'est osé, d'un esthétisme différent, très loin de celui d'Eiffel. Cela fait un peu penser aux arcs et flèches et autres  VTT. On emprunte ce pont pour accéder au funiculaire qui nous amène sur les hauteurs pour admirer la ville d'en haut.
 
 
 Ils n'ont gardé que le vieux porche en pierre de l'entrée. Derrière, c'est tout de verre et d'acier. En plusieurs endroits de la ville, j'ai vu cette symbiose, le passé et le présent mêlés, une forme de continuité entre le meilleur d'hier et celui d'aujourd'hui.
 
 
 Le métro de Bilbao est modeste, une seule ligne, mais on remarque ses entrées. 
 
 
 Le troisième volet de ce week-end à rallonge  est la Côte Basque Espagnole. Le temps en a décidé autrement. Cette fois-ci, cela n'a été qu'un repérage. La grande route ne longe vraiment la côte que de Lekeitio à Ondarroa, cela donne un bon aperçu pour le reste. La prochaine fois, on concoctera un itinéraire au plus près de l'eau, quitte à prendre des chemins de traverse, pour aller par exemple jusqu'en Galice.
 
 
 
  A Mundaka, mondialement connu des surfeurs, il y en toujours un pour attendre La vague. Nous on ne l'a pas vue et ce jour là, ceux qui étaient dans l'eau non plus. Comme eux nous sommes rentrés mouillés, la pluie, bienveillante, nous a accompagnés jusqu'à la maison. Du coup on a pris l'autoroute pour rouler sereinement.
 
 
Mai 2012... prétexte de sortie: Musée Guggenheim Bilbao...périple de 700 kms...
Hébergement: Hôtel Sirimiri, Plaza de la Encarnacion, 3, 48006, Bilbao . Hôtel bien situé, près de la vieille ville, 3*, chambre petite mais rénovée récemment, très clean. Petit déjeuner normal. Pas trop bruyant. Parking fermé, en extérieur, mais pas de réservation possible, pour une ou deux motos c'est toujours possible de se trouver un petit recoin. Il vaut mieux réserver l'hôtel car Bilbao est une destination relativement prisée. L'hôtel se trouve à côté du terminus du tram, pratique pour se déplacer.
Sur les guides, on peut lire qu'on peut déjeuner pour pas cher avec des pintxos. Si vous avez vraiment faim, cela revient plus cher qu'un menu. A coup de 2 à 3 euros le pintxos, l'addition grimpe vite. On a voulu tester les restaurants cités dans "le Petit Fûté", le Kasko dans la vieille ville n'est pas à conseiller, l'Arriaga était bondé, l'Urbieta n'est pas mal mais la bouteille de sidra donne des aigreurs au porte-monnaie...