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Balade motarde dans le Gers
Écrit par Chrise&Semeac   

  

 Une balade placée  sous le signe de d’Artagnan et des Bastides. Les bastides ont été une forme d’urbanisation développée principalement dans le Sud-ouest à partir du 12° et 13° siècle. Le plan de ces villes nouvelles était très géométrique avec des rues parallèles et en angles droits, disposées à partir d’une place donc carrée ou rectangulaire. La plus grande place se trouve à Marciac. Ces places étant des lieux de convivialité par excellence, on y trouve souvent la halle. Dans le Gers, l’église n’est pas sur la place mais  à un pâté de maisons plus loin. Cette disposition en damiers est la plus répandue, une des rares bastides autour d’une place ronde est celle de Fourcès. Les bastides se sont imposées après les Sauvetés et les Castelnaus. Montréal du Gers est la plus ancienne bastide du Gers.

 

 

 

 Tillac est à ranger dans la rubrique Castelnau même si on ne voit plus le château. Passez le porche de la tour de l’Est et vous allez être surpris. Il n’y a qu’une rue toute droite mais elle vaut largement le détour. Les maisons à colombages formant galerie qui la bordent  vous transportent dans un autre monde. Les gargouilles sont situées au plus bas et s’admirent en étant à genoux. J’ai entraperçu gravé au dessus d’une porte,  1173. L’église campe au centre et entre elle et l’autre tour, ce n’est bizarrement pas construit. Le vide de ce matin là, uniquement occupé de chants d’oiseaux renforçait l’impression d’un autre temps. L’authenticité des lieux  a même guidé un réalisateur  pour y tourner une scène d’un film de capes et d’épées. Une bien belle halte.

 

 

 

 Pas très loin, toujours dans la plaine de l’Arros et de l’Adour se trouve Marciac, la bastide ayant la plus grande place du Gers 130mX75m. Marciac est bien sûr très connue pour son festival de Jazz. Nous n’avons fait que tangenter la place pour rejoindre le reste du groupe qui nous attendait déjà près du lac. Je leur avais promis de leur faire découvrir le secret de la fabrication de la croustade gersoise. Nous quittons la plaine pour atteindre Courties où Isabelle Ducourneau, volubile en diable nous a fait une belle démonstration de fabrication de ce gâteau, en avouant tout de même qu’il fallait avoir le savoir-faire. C’est impressionnant comme la pâte peut atteindre cette finesse sans se déchirer. Il paraît qu"avec une boule de pâte de 2kgs, on peut recouvrir jusqu'à 9m². Avec un café, on a dégusté une croustade sans pommes délicieuse.

 

 

 

 Par de petites routes désertes, nous arrivons à la limite des Hautes-Pyrénées, au Château Montus. Quand on parle du vin de Madiran, la figure d’Alain Brumont ne peut être oubliée, c’est l'un des instigateurs qui a introduit les techniques, nouvelles pour la région, de vinification visant à rendre le cépage local : le tannat, moins bourru, plus soyeux, pour donner au Madiran un autre intérêt. Le Madiran s’étend aux confins de 3 départements : les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées Atlantiques et le Gers. C’est du Madiran gersois, au château Barréjat, qu’on a goûté. Denis Capmartin avec fierté, nous a parlé des cuves thermo régulées, du coût conséquent des barriques neuves, mais  qui contribuent à élever la qualité du Madiran d’aujourd’hui. Mais je me souviens la phrase qu'a lâché Capmartin père quand on lui avait dit qu'on préférait le vin passé en barrique: ha vous préférez le jus de bois!

 

 

 Nous avons pique-niqué pas loin des barriques et de là sommes partis voir où d’Artagnan est né, au château de Castelmore. Le château, modeste est perdu dans la campagne gersoise. Une route très étroite passe devant. Rien d'ostentatoire, pas de silhouette sur un fier piton, un Le Nôtre n'y a pas dessiné les plans d'un jardin autour. On y tombe dessus par hasard. Il n’est pas visitable et beaucoup de volets sont clos. Celui qui a racheté cette demeure veut rester dans l'ombre du cavalier flamboyant. A Lupiac, à deux pas, il y a un petit musée dédié à l’enfant du pays. Ce sont des petites routes vallonnées que nous parcourons par ici, la région est moins  cultivée que plus au nord. Les champs sont plus verts d’herbes, plus destinés à l’élevage. Les vallées entre les collines sont plus encaissées. Souvent au détour d’un virage, on peut apercevoir au loin la chaîne des Pyrénées en fond.

 

 

 

 Virages après virages nous entrons dans Bassoues. L’entrée en passant sous l’immense halle en bois impressionne un peu. Ils ont dû en abattre des arbres pour couvrir cette halle. L’ombre y était fraîche, nous y avons garé les motos. En bout de rue se dresse la tour, haute de 43m. Vestige sans doute d’un castelnau devenu bastide. Le solide escalier en colimaçon grimpe tout en haut d’où on peut admirer la contrée aux alentours et constater la géométrie simple du village. La montée s’est faite par étape. A chaque étage une salle unique avec commodités pour ne pas avoir à dévaler les je ne sais combien de marches, dénotant un souci du détail des habitants d’alors. On le constate également, en lisant les chartes qui étaient en vigueur à l’époque, entre autres sur le châtiment en cas d’adultère.

 

 

 

  Sur notre route se trouve Mirande. Dans cette bastide également, un artisan propose la visite et la dégustation de la Croustade gersoise, il n’en existe pas tant que ça dans le Gers. Mais nous ne faisions que passer et nous en avions déjà dégusté. A Mirande nous n’avons pas regardé la place, mais il fallait absolument qu’on voit l’église et surtout les solides arcs-boutants qui enjambent la rue bien rectiligne. C’est une vision puissante qui rend cette église pittoresque avec des allures de fine forteresse. Bizarrement, les arcs-boutants ne sont que d’un seul côté, au niveau de l’entrée principale. Mais l’église est tellement enserrée dans le pâté de maisons  que ce déséquilibre ne se voit pas. L’église mériterait quand même quelques travaux de restauration.

 

 

 

  On remonte vers le Nord, on traverse l’Isle de Noé. C’est ici que se rejoignent la petite et la grande Baïse en formant une petite pointe. En traversant le village, on n’y a pas vu grand-chose. Il faut continuer un peu plus loin pour admirer le pont-barrage de Gelleneuve. Un pauvre pont privé menant à un moulin qui résiste vaille que vaille aux poussées de la rivière. Beaucoup de troncs en travers des piliers doivent le fragiliser encore un peu plus. Cela renforce bien  l'impression d'abandon. Il faudra bien qu’une association se forme pour que perdure cette construction peu commune. Une fois de plus, en préparant le circuit, je constate que Google Maps se permet de faire passer dans des endroits improbables, le pont étant fermé à la circulation car privé et délabré.

 

 

  A Barran on peut admirer un clocher d’art que les Compagnons charpentiers dénomment clocher flammé, vrillé, tors, tordu, tourné, torsadé, hélicoïdal, en spirale ou en limaçon. C’est le clocher tors le plus au sud de France et il n’y en a pas beaucoup. Cette curiosité architecturale est parfois involontaire, dûe par exemple au vrillage d’un bois pas assez sec. Dans le cas de celui de Barran, il a été bâti de cette façon d’entrée. La torsion, de la gauche vers la droite, s’est ensuite accentuée, provoquant une cassure au milieu de l’édifice et entraînant un dévers important de la pointe du clocher. Barran mérite un détour et je trouve que le village pourrait mettre plus en avant son église car le fléchage n’est pas clair même si on peut voir la pointe noire de loin.

 

 

 

  A Auch, capitale du Gers il y aurait sans doute beaucoup à voir, on s’est contenté de l’Escalier Monumental. En bas des marches, il y a un recoin idéal pour ranger les motos. De prime abord, on est un peu déçu par le manque d’authenticité de la construction. La rénovation récente donne un aspect trop lisse à cet édifice dont le rôle premier était de relier la haute ville à la basse ville. De plus, le manque d’ornementation végétale donne un aspect mal fini. Sur le premier palier la statue de d’Artagnan se dresse avec panache et au palier au-dessus une œuvre pour commémorer l’inondation de 1977 : une immense plaque de fonte représentant un fragment du récit biblique du Déluge. Tout en haut, on peut toiser la basse ville.

 

  

 Après une circulation un peu dense en traversant Auch, nous retrouvons le calme de la campagne gersoise. Sur notre route vers le nord du département, nous faisons un crochet par Lavardens. Au sommet d’une colline, nous voyons le château dans son écrin de verdure sur la colline d’en face. La descente virageuse, se fait les yeux rivés sur cette ancienne place forte. On n’avait pas le temps, on ne s'est pas arrêté, on n’a fait que l’entrevoir, on a juste constaté qu’il devait y avoir des travaux en cours ou en suspens. Après coup, sur le net j’ai pu constater qu’il avait une entrée originale justifiant un détour et qu’une association de sauvegarde veillait sur son destin.

 

 

 Nous rejoignons la N21, la nationale qui relie Limoges à Lourdes. Cette route reste immuable. En 45 ans, depuis la première fois où je l’ai empruntée, elle n’a pas beaucoup changé. Comme dans beaucoup de bourg, la nationale contourne un peu le centre de Fleurance, pour la tranquillité des riverains. Nous prenons direction centre-ville pour voir la halle-hôtel de ville au milieu de la place carrée.  De l’extérieur la Halle n’est pas très différente des bâtiments qu’on peut voir par ici. Il faut s’arrêter, passer les arcades, aller à l’intérieur, au centre et lever la tête. A Fleurance également  j’ai été impressionné par le diamètre des piliers de l’église, comparativement à leur hauteur. 

 

 

 C’est en début de soirée que nous arrivons à Lectoure, où nous allons passer la nuit. De loin sur l’éperon rocheux, nous voyons l’agglutinement de maisons. Des remparts, par beau temps, il parait qu’on voit la chaîne des Pyrénées. Pour le moment, on bataille avec nos motos dans les ruelles en pente pour trouver le gîte. Les ruelles sont étonnamment à double sens, alors que 2 motos ne peuvent rouler de front. Des parkings çà et là autour de la ville permettent le parcage des voitures car il n’est pas pensable de stationner devant sa porte. La Halte Pèlerine est plutôt pour des pélerins, ceux de Saint jacques de Compostelle. Lectoure est située sur un des chemins. Pour nous Véronique a fait une exception, il faut dire que nous avions réquisitionné toute sa grande maison, mais elle ne nous a délivré ne serait ce qu'un seul tampon.

 

 

 La Romieu se voit de très loin. L'immense collégiale blanche surprend le voyageur dans cette campagne verte, peu peuplée du Gers. La tour du Cardinal écrase les maisonnettes environnantes. Qu'est ce qui a pu se passer dans le temps par ici pour qu'on bâtisse un bâtiment aussi impressionnant. D'où la main-d'oeuvre provenait elle? car le village est bien petit. D'où les pierres ont elles été extraites? Encore un mystère à mettre sur le compte de la foi. A l'ombre de ce beau bâtiment, le village est simple. La place ici est sans forme contrairement aux bastides. Dans un coin, près de l'Office de Tourisme trône la statue d'Angéline de la belle légende du village des chats. A la Romieu, les photographes traquent les statues des chats de pierre qui se cachent un peu partout et pas que sur la place.

 

 

  Il y a très peu de statues de taille conséquente de d'Artagnan. Il n'y en aurait que cinq dans le Monde : une à Auch, au milieu de l'escalier monumental, une à Maastricht où il a été tué en 1673, une à Paris et une devant l'université de Cincinnati, aux Etats Unis. La sculpture d'Auch, réalisée en 1931, est l'œuvre de Firmin Michelet, un artiste également connu pour avoir créé la statue équestre du Maréchal Foch à Tarbes. La 5° à Condom, qui est la plus récente est l'œuvre de Zurab Tsereteli. D’Artagan est au milieu de ses trois compagnons de fiction que sont Porthos, Athos et Aramis. Les touristes anglais après avoir bien souri au panneau d'entrée de la ville de Condom sont un tantinet impressionnés devant la stature de ces fiers Gascons. C'est vrai que devant, on se sent un peu petit.

 

 

 

 Le château de Lagardère vous parle, en fait vous n'y êtes pas. Le Lagardère de Paul Feval est un héros légendaire qui n'a pas vécu ni ici ni même ailleurs.  Le célèbre "Si tu ne viens pas à LagardèreLagardère ira à toi" n'a pas d'écho ici. Paul Féval est peut-être passé par ici pour trouver le nom de son héros mais j'en doute. Par ce nom il a donné à son personnage une consistance heureuse de mousquetaire gascon. Le château est actuellement tout seul dans son pré qui lui est bien entretenu. De loin cela paraît tenir debout, mais de près, on sent que c'est laissé à l'abandon depuis un bon moment déjà. Il est interdit d'y pénétrer pour des raisons de sécurité. Une association essaie de lui redonner vie, c'est un monument classé.

 

 

 Le plus petit village fortifié de France se trouve à Larressingle. Dans le Gers, on rencontre beaucoup de petits châteaux çà et là. Sans doute qu'à une époque les temps n'étaient pas surs. On trouvait beaucoup d'Anglois dans le Sud-Ouest. D'ailleurs, je trouve que Larressingle sonne très anglais. Les donateurs de Boston ont dû avoir cette impression quand ils ont fait leurs dons pour la restauration du site. Faire le tour de cette place forte ne prend pas beaucoup de temps, il faut rester un petit moment sur le petit parking pour constater que le turn-over est rapide. C'est une visite agréable car c'est intime et l'ensemble est bien proportionné. Larressingle a eu une vie paisible pour un château et n'a jamais été le théâtre de guerre. La restauration a surtout corrigé les outrages du temps. Cest le second lieu le plus visité du Gers.

 

 

 C'est à Gondrin que nous avons mis fin à notre sortie par, comme dans les BD d'Asrérix, un banquet. La ferme auberge du Cassou fait de la cuisine typiquement gersoise où le canard est à l'honneur.  L'auberge est bien connue et il faut réserver bien avant de venir. Au sortir de table, la pelouse ombragée et accueillante est la bienvenue. Dommage qu'ils n'aient pas prévu un petit circuit permettant de faire une promenade digestive. Ce lavoir ancien circulaire aurait été un but idéal, malheureusement, il est un peu éloigné de la ferme. Par contre je ne recommande pas le marchand de croustades de Gondrin, plus marchand que pâtissier

 

 

 La campagne gersoise est très vallonnée, surtout au sud, au nord c'est un vallonnement plus soft. C'est également plus cultivé. Les collines sont très jaunes quand le colza est en fleurs, très blondes quand le blé est mûr. Du côté de Saint Puy, nous avons vu de vastes champs de Pastel d'un bleu violacé délicat, mais rien ne vaut le tableau de vastes champs de tournesols orientant leurs têtes d'or vers le soleil. Les grandes routes ne sont pas légion et on les a ignorées. On a préféré les départementales voire les vicinales quand alors il est difficile de se croiser. Il paraît qu'il y a beaucoup d'immigrés italiens dans le Gers parce qu'ils y ont retrouvé, un peu, le paysage de leur Toscane. Leurs descendants ont gardé quelques gènes car je trouve que les voitures roulent vite par ici.

 

 

 

Sortie dans le Gers/ 310kms/ début Juin 2015/ 10 motos/ 16 participants/ 3 demi-journées/.

 

 

 

Résumé Balade motarde dans le Gers sur une musique de Zea Mays ( Negua joan da ta )