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San Juan de Gaztelugatxe


 

De Getaria à Bakio, San juan de Gaztelugatxe.

 

 

C’est une balade très agréable, à faire hors saison, en partant de Tarbes, durant un week-end. Au sortir de l’hiver, la côte Basque Espagnole est souvent très humide. Les 3 ou 4 fois où nous y sommes passés, toujours il a fallu sortir les chapeaux de pluie, plusieurs fois dans une même journée. Mais comme il n'y a pas de lundi sans soleil, çà et là, un coin de ciel bleu subrepticement venait rehausser les couleurs des tableaux. Pour un authentique vert basque, ce n’est pas un secret, il faut de l’eau ; mais le pléonasme de l’eau au bord de la mer atténue pour beaucoup l’enchantement. La côte festonnée, est un chapelet de petits ports, bien sûr typiques, cachés dans chaque petit creux. Typiquement, elle commence pour moi à partir de Getaria, Zarautz étant une station purement balnéaire et avant, entre la frontière et Donostia, c’est surpeuplé.

 

La première halte, un havre de paix typique comme à Getaria, ses petits bateaux colorés, alignés en attendant d’aller affronter la méchante houle et les vents mauvais. Pour l'heure, c'est calme plat. Pas de débarquement, pas d'embarquement, tout le monde est en attente de l'heure du repas.

 

Il faut céder aux déjeuners composés de pintxos et arrosés de cidre. Par rapport à l’intérieur des terres, ici, sur la terrasse face aux flots, ils se parent d’effluves marines et de saveurs aventurières. De bons produits de la mer mais également de la terre, nous sommes à la frontière. Allez, Txotx!

 

La roche plonge dans l’océan, ne laissant pas beaucoup de place pour les grandes plages de sable. Les criques en sont plus intimes. Les ressacs ont des accents de galets. La route hésite à plonger et il n'y a pas trop d'endroits pour se garer.

 

Sur quelques rebords, de loin en loin, ici du côté de Deba, de belles maisons tout près du bord tels des miradors, peut-être des paradors, à scruter au loin les retours de voyages ou à rêver de larguer un jour les amarres.

 

Les recoins sont trop exigus pour abriter tous les oiseaux, tous les bateaux. Les ports avancent intrépidement dans la mer à grands renforts de cailloux. A Mutriku, une avancée au large, presque du Vauban maritime.

 

A Ondarroa, L’avancée est naturelle, la forme tout aussi originale. Dans le creux, ils ont mis du sable blond pour rendre l'endroit encore plus photogénique, et bien sûr un peu d'écume du jour.

 

Entre Ondarroa et Lekeitio, la route sur la carte passe au plus près de l’eau. C’est une petite route bordée de forêts de résineux mais surtout d’eucalyptus odorants. Les arbres masquent la vue sur l’océan, rendant le voyage un peu monotone car privé du large.

 

Cette forêt en limite de terre, cette pente abrupte, laissent à penser qu’il doit encore y avoir par ici des endroits secrets. Nous avons rencontré des plongeurs sous-marins aux harpons acérés heureux. Et lors des rares trouées, vite vite, nous dégainions notre APN.

 

A Lekeitio, ce n’est une île que lorsque la marée est haute. Un cordon ombilical la relie à la terre à marée basse. Une avancée bizarrement peu exploitée, on ne distingue pas d'habitations et très peu de Robinson.

 

Gernika, connue de tous par son histoire tragique et Pablo Picasso, se trouve un peu à l'écart de la côte. En la parcourant, j'ai cherché les vestiges de son passé, en vain. L'Espagne ne semble pas aimer ressasser les vieilles rancœurs. Il faudra un jour que j'aille visiter Belchite.

 

Casa de Juntas, droits de tout un peuple, Fueros, justice sous un chêne...mais le reste de l'Arbre de la Liberté qui n'a pas été détruit par les bombardements de 1937, cher  aux Basques est curieusement enfermé dans une cage de béton.

 

Bermeo est le port d'après, mêmes maisons colorées en demi-cercle  autour des mêmes bateaux. Il se situe à l'embouchure d'un estuaire mondialement connu des surfeurs: le spot de Mundaka. Ce n'était pas le bon jour, celle de la vague, on n'a pas vu de surfeurs en passant.

 

En bout de mon chapelet on trouve Bakio qui est une station balnéaire et pas un port. C'est entre Bakio et le Cabo de Matxitxaco que se cache San Juan de Gaztelugatxe. Un phare se situe à la pointe du cap qui partage la côte en parties Est et Ouest.

 

De port en port, avant Bakio on arrive à Gaztelugatxe dont le nom en lui-même évoque le mystérieux. Le point de départ de la balade pédestre se situe au restaurant Eneperi. Courte balade mais pente assez forte, assez pour mettre le palpitant à bon régime.

Le site est remarquable, l’histoire de la chapelle un peu moins. La chapelle actuelle est relativement récente. C’est une énième reconstruction d’une bâtisse maintes fois brûlée et maintes fois reconstruite. La première bâtisse sur ce monticule rocheux serait un ermitage datant du IX° siècle. Les différentes bâtisses ne furent pas uniquement à vocation religieuse mais servirent également de place forte et de bastion. La chapelle actuelle date de la fin du XIX° et est dédiée à Saint Jean Baptiste.

L’attrait particulier de San Juan de Gaztelugatxe est le cadre sauvage qui entoure l’îlot. Peu de constructions à part cette chapelle, quelques maisons sur la terre ferme bien dissimulées, dont le restaurant du départ. Quelques esprits chagrins auront remarqué la plate-forme de forage sur la droite, au large ... voilée dans la brume lors de notre passage. Nous sommes arrivés le soir, avec un temps incertain, sans soleil, mais la mer était calme. Il aurait fallu une tempête et une mer déchaînée pour bien s’imprégner de la rudesse du lieu. Un temps, comme à Zugarramurdi, ici, il y a eu des réunions de sorcières que l’Inquisition eut à cœur de traquer.

Au début de la descente, une pause au mirador permet de planter le décor. Au bas de la descente, le chemin rejoint une petite route mal goudronnée qui n'est plus ouverte à la circulation.

Tout au début, cela devait être un îlot qui a été rattaché à la terre par un chemin en hauteur pour permettre l’accès, même lorsque la mer est haute. Deux arches permettent le passage des possibles flots furieux, limitant leurs coups de butoir contre une paroi hermétique. Le chemin étroit, avec parapets fait penser à une Muraille de Chine miniature. Après le pont, plus de 230 marches vous attendent. Franchement, si vous arrivez à toutes les compter, vous loupez immanquablement les superbes vues de gauches et de droites. La montée fait également chemin de croix pour ceux qui ne viennent pas grimper pour la première fois. En haut des marches, il faut mettre son pied sur l'empreinte de celui de Saint Jean Baptiste, cela porte bonheur... nous, on n'a pas pensé à le faire.  Par contre, on a pris soin de faire tinter la cloche 3 fois et émis un vœu. De là-haut, on est bien sur un caillou aride, difficile de vivre en autarcie, difficile de résister à un siège. Les cavités à fleur d'eau dans lesquelles l'eau s'engouffre peuvent faire penser que le rocher est creux, qu'il peut y avoir des mondes parallèles. Pas étonnant que ce coin ait attiré des sorcières. A droite des 2 arches naturelles, à quelques centaines de mètres, un autre îlot, à peine plus petit, avec lui aussi plein de cavités, fait face.

 

 

 

Sans ce chemin, le site serait plus banal, mais sans doute que la topographie des lieux a bien inspiré les concepteurs. Le travail de l'homme ici est à saluer. Jetez un oeil sur ce sol pavé de bonnes intentions et de galets ronds. Il a fallu une bonne dose de patience d'ange ou de démon.

 

Le bénitier sous la croix est rempli d'eau, bénite ou simplement de pluie, mystère...

Le rocher est telle une dent creuse, l'eau sourd de tous les côtés avec des coups qui résonnent sourdement.

 

 

La porte était fermée, impassible aux sons clairs de la cloche par 3 fois répétés.

 

Souvent, la mer s'amuse à dessiner des poulpes pâles stylisés.

Au fond, on devine dans la brume du soir, le petit port de Bakio.

On redescend  sur un serpentin gracile de cette balade aérienne, on redescend sur terre.

En retournant sur terre, la compensation est cette vue magnifique. En cette saison, c'est un tableau tricolore : le roux des fougères fanées, par touches juxtaposées, se mélange aux différents tons de vert que le noir de la pierre vient rehausser. 

 

 

 

J'ai vu des photos de l'île sous le soleil, ce n'est pas plus beau. C'est une balade à faire quel que soit le temps, mais c'est une balade à faire hors saison. En été, le petit chemin qui zigzague devient réellement un chemin de croix. Balade de 760kms Février/Mars 2016.