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La Galice
Écrit par Chrise&Semeac   

 

  Au niveau météo, on a eu de la chance : un peu de pluie en début du séjour et c’est tout. Ce n’était pas le soleil radieux sauf pour la visite de Saint Jacques de Compostelle et de la Corogne mais très acceptable pour un mois d’avril. Il y a eu cependant un petit coup de froid vers la fin du séjour. Disons que cela a donné une impression de Galice vivifiante, ce qui est normal pour un pays celtique. En comparaison avec un autre pays celtique, l’Irlande, les villages nous ont semblé moins romantiques, surtout les petits ports, mais il reste la mer et ses côtes tourmentées et les cabos entre deux rias avancent pareillement vers le large. La Galice se trouve en haut et à gauche de la péninsule Ibérique. La moitié du kilométrage parcouru sert à la rejoindre, elle est relativement petite. Pour aller plus vite, les autoroutes sont pratiques, de plus gratuites hormis au Pays Basque.

 

 

  Après la traversée des Asturies, on rentre à peine en Galice qu’une pause s’impose. Un grand parking bondé, en cette période de hors saison, cela augure une belle séance photographique. Les abords de la Playa de las Catedrales, bien aménagés, avec de longues passerelles en bois, incitent à la visite. L’aménagement amène…au mauvais endroit. Il faut plutôt suivre la piste à ras de terre vers la droite. On est arrivé à la mauvaise heure, la marée avait cessé d’être basse, c’est moins impressionnant de voir l’arche depuis le haut. C’est de toute façon moins impressionnant qu’Etretat, mais l’ensemble n’est pas inintéressant.

 

 

  Nous avons poursuivi notre route plein ouest jusqu’à Viveiro, on était déjà en fin d’après-midi. Viveiro n’a rien pour les yeux avides d’un touriste Lambda, peut-être son long pont bas traversant le bout de la ria ou son vieux porche d’entrée, rien de vraiment marquant. Un peu avant Viveiro, le miradore Campo Faro mérite un petit détour. Cela monte dur et la route est étroite. De là-haut, pas de construction, la vue se fait sur 360°, on voit bien Viveiro en fond. Le calme absolu semblait assuré sauf qu’on était vendredi soir et qu’au fur et à mesure que la journée déclinait, les jeunes de la région venaient s’amasser sur ce mirador, pour La soirée festive de la semaine, arrosée comme il se doit. On leur a laissé le champ libre.

 

 

  Comme on cherchait un parking pour visiter Lugo à pied, le hasard nous en a fait trouver un, près de la muraille, de surcroît avec un gardien. Les premières ruelles en quittant le parking étaient plus qu’interlopes, la faune à l'avenant, un peu trop avenante. Beaucoup de maisons étaient à l’abandon, fenêtres grandes ouvertes, fleurs poussant partout sauf sur les balcons. Une grande pancarte nous a donné l’explication : le quartier va être rénové. L’étrangeté des lieux, renforcée par un ciel bas et lourd nous a donné une impression mitigée de Lugo. La cathédrale, imposante, peut facilement être oubliée.

 

 

  Pourtant l'enceinte Romaine, longue de près de 2,5kms et qui entoure entièrement la vieille ville est bien agréable pour  la visite. Dévolue aux piétons, on y marche sereinement, regardant de gauche et de droite, en vis à vis avec les balcons fermés typiques des maisons du nord de l'Espagne. Comme à Lucca, cette enceinte sert de piste pour les coureurs de fond. Les Romains avaient bien fait les choses, c'est du solide, cela force le respect. 

 

 

  En Galice il y a surtout Saint Jacques de Compostelle, de tout temps. Mais encore plus  aujourd’hui. C’est un pèlerinage « à la mode » m’a dit Ana lorsque je suis passé la voir à Santander. Le camino Francès est effectivement très fréquenté. Les pèlerins, par petits groupes, parfois seuls, parfois sans bâton mais toujours avec la coquille emblématique, le nez en l’air ou presque par terre, marchent. Qu’importe le chemin, s’il est catholique ou hérétique, s’il s’arrête à Saint Jacques ou se termine au Cap Fisterra, l’important, c’est La Route.  Le camino suit en partie le macadam avec quelques échappées dans les sous-bois adjacents, çà et là, aux abords d’une série de virages, pour s’économiser quelques pas dans un cheminement où on ne les compte plus.

 

 

  Les années Jacquaires, celles où le 25 juillet tombe un Dimanche, la Porte Sainte reste ouverte toute l’année et fermée le reste du temps. Pourtant cette année (2016 : année sans) la porte est grande ouverte par je ne sais quel mystère ou quel miracle. La foule se pressait au portillon, l’espoir d’une absolution complète de ses péchés permet d’avoir la patience nécessaire. Nous avons rejoint la masse somme toute impatiente et sommes rentrés dans la Cathédrale pour la Messe des Pèlerins le cœur léger. Surtout soulagés d'avoir réussi à rentrer à temps et de pouvoir trouver 2 places sur un banc. Dedans la foule ne savait plus où se mettre. Quelqu'un a parlé au micro, une fois en espagnol et une autre fois en anglais.

 

 

  Une étoile blanche attirait les regards au milieu de la nef, sous l'encensoir d'une cinquantaine de kilos suspendu à une grosse corde. Tout à l'heure, à la fin de la messe, actionné par 6 grands gaillards, il allait s'animer en mouvements amples de balancier jusqu'à presque toucher le plafond, répandant dans toute la cathédrale ses volutes de fumée d'encens à l'odeur si caractéristique. La foule, comme dans une séance d'hypnose au pendule, n'avait d'yeux que pour cet encensoir endiablé. Il paraît qu'il n'est tombé que 4 fois en plusieurs siècles sans jamais faire de victimes. Tous les smartphones et autres APN suivaient également la trajectoire alors qu'il avait été bien dit que c'était prohibé.

 

 

  On rentre dans le vieux bourg de Saint Jacques de Compostelle par la Porta do Camino. De là le fléchage jusqu’à la Cathédrale est réalisé par des coquilles SaintJacques en laiton, incrustées dans les grosses dalles en pierre formant le sol. Autour de la Cathédrale se concentrent les principaux beaux monuments. Le bourg est relativement petit et de plus entièrement piétonnier, on peut vraiment y déambuler et tout admirer en marchant la tête en l’air. Et il y a beaucoup de choses à voir. Tout est à l’image de la Porte Sainte qu’on a vu plus haut, celle où se presse la foule, sous la statue de Saint Jacques en habit de pèlerin. Les sculptures sont réalisées dans du granit dur, ce qui rend le travail des artistes encore plus admirable. Çà et là on peut voir plein de recoins originaux.

 

 

  La Corogne est une grande ville de plus ou moins 200 000 habitants. On s’en rend bien compte lorsqu’on la traverse pour atteindre le havre de paix aménagé en bout de la presqu'île. Ce bout de terre est vierge de toute construction à part la Tour d’Hercule. Cette dernière est isolée, comme tout bon phare qui se respecte, dans un écrin de verdure. C'est l'un des plus vieux phares d'Europe. Tout en haut la vue est somptueuse. Le contraste entre les habitations agglutinées et ce grand espace de vide est saisissant. La vaste étendue verte, jaune de fleurs en cette saison, se prolongeant en une autre étendue bleue, plus immense encore, vous apaise et vous détend en un rien de temps. Les gens d’ici doivent être des gens heureux. Des œuvres d'art, tout autour du phare, rendent la promenade encore plus attrayante.

 

 

  La côte de la Mort commence à Malpica. Le début est assez sauvage. La densité de la population augmente en descendant vers les Rias Baixas, surtout celle d’Arousa. On a préféré le début. Cette côte doit son nom aux nombreux naufrages qui ont eu lieu sur cette cote, naufrages dus en partie aux feux malintentionnés des anciens habitants de cette côte. Les pilleurs d'épaves, on a connu çà ailleurs. Par ici la roche tombe directement dans l’eau, comme au Cabo Vilan, l’accostage n’y est pas possible. Les lieux doivent être propices à la pêche aux poulpes, très appréciés des Galiciens. J'ai goûté au Polbo a Feira dans un restaurant, je suis sans doute mal tombé, mais je n'en ai pas redemandé.

 

 

  Le vent glacial n’a pas cessé durant toute la journée. Les seuls à apprécier sont les mouettes planant en escadrilles. Elles peuvent rester des heures comme cela sans battre des ailes, en formation serrée, immobiles dans l’air à l’image des éoliennes en fond. Les éoliennes elles, ont les pales qui n’arrêtent pas de tourner. C’est fou le nombre d’éoliennes qui brassent l’air par ici. Elles sont présentes sur toutes les lignes de crêtes de la Galice, il ne doit pas y avoir de crêtes inexploitées.

 

 

  Plus on descend vers le sud et moins le rivage est sévère. Il y a de belles plages dans le fond des anses, comme ici pas très loin de Camarinas. D'ailleurs, la Galice est truffée de grandes étendues de belles plages. Au vu de la fraîcheur du moment, les plages sont vides, ce qui renforce leur beauté. A certains endroits, le sable est si blanc qu’il colore l’eau d’un bleu bien particulier. Dans les creux, à l’abri du vent, ce sont des recoins paradisiaques.

 

 

  Entre les Cabos Vilan et Tourinan se trouve Muxia, située sur une pointe également mais moins abrupte que les 2 voisins. L'église est construite presque les pieds dans l'eau, sur une roche lisse. Plus près de l'eau, on peut voir une sculpture naturelle. Plus haut une oeuvre humaine représentant je ne sais pourquoi une fracture. Un peu plus loin, une série de murettes fait penser à un possible Castro.  A l'entrée de la ville, avec toutes ces ruelles à sens unique, le GPS a eu du mal à trouver le bon chemin et l'église est très mal indiquée. 

 

 

   Là-bas au bout de l’horizon à plus de 5000kms se trouve New-York. Le Cap Finisterre, où finit la terre n’est pas le point le plus à l’Ouest d’Espagne comme son nom pourrait laisser croire. Il est détrôné par le Cabo Tourinan de quelques 200m. Mais c’est le Cabo da Roca Portugais qui surclasse tout le monde pour le point le plus occidental de l’Europe continentale. Pourtant les pèlerins de Compostelle terminent toujours leurs courses au Cap Finisterre. Du coup, le Cabo Tourinan reste un coin très isolé avec plein de no man's land. Ici on pourrait se croire en Irlande.

 

 

  Kilomètre 0 à l’arrivée, fin d’un décompte d’un long chemin d’une quête hérétique. J’ai lu que sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle pouvaient se côtoyer 3  aspirations: catholique, hérétique et spirituelle. La première se termine à Santiago, la 2° au Cap Finisterre, la 3° sans doute jamais. Sur ce bout de rocher, on peut apercevoir plusieurs foyers noirs d’anciens feux ayant servi à brûler vêtements et chaussures. A un anneau fixé au sol, formant un tas, plusieurs cadenas colorés et rouillés se sont accrochés. Sur un mur, des graffitis de messages qui dans ce matin calme ensoleillé mais froid, restent évasifs pour des yeux de touristes de passage.

Deux paires de baskets bien usées ont été abandonnées à côté de ce godillot de bronze qui tourne le dos à l’océan.

Matin calme au Cap Finistère

 

 

  La Côte de la Mort se termine, c'est le début des Rias baixas. Ici, nous sommes à Carnota. Carnota et Lira se disputent l'honneur d'avoir le plus grand Horreo de la Galice. Plus de 36m quand même mais à ces dimensions, le bâtiment perd tout charme, cela finit pas ressembler à une HLM de banlieue. Celui de la photo est plus harmonieux reposant sur ses 12 pieds en forme de cèpe. Les horreos sont des greniers à céréales, bien ventilées et à l'abri des rongeurs. On en rencontre un peu partout, parfois en bois. Je n'ai pas eu le réflexe photo au début du voyage en entrant en Galice. Je croyais qu'ils étaient partout semblables. J'attendais celui de  Carnota. Ceux du nord sont plus typés avec leurs pointes sur le toit, ils me faisaient penser à des constructions Tibétaines.

 

  Près de Porto do Son se situe le Castro de Barona. Les Castro sont des résidences fortifiées datant du premier siècle. La construction est originale même si en le visitant on peut se poser la question des conditions d'existence sur cette pointe rocheuse, entre autres quant à l'alimentation en eau. C'est le Castro le mieux conservé, peut-être a t il été restauré? Les pierres des vestiges des habitations sont bien scellées et heureusement, vu la horde de sauvages qui était là, un groupe scolaire, qui s'amusaient à sauter et grimper de partout. Le site vaut le détour surtout pour son environnement.

 

 

  Pour admirer la Ria d'Arousa, il faut prendre de la hauteur et grimper au mirador de la Curota. On peut constater que le pourtour de cette Ria est bien habité et exploité. Les petits traits visibles sur l'eau sont des pontons servant à la mytiliculture.  Les grosses moules espagnoles sont élevées ici en partie. L'eau de cette Ria est plus chaude qu'ailleurs, ce qui a favorisé le tourisme balnéaire et donc les concentrations de construction et donc l'afflux de capitaux et donc l'élévation de la richesse du coin. 

 Ile d'arousa à l'heure de la sieste.

 

 

  Nous ne sommes pas descendu plus bas. A partir de Pontevedra, nous avons bifurqué plein Est, vers les Gorges du Sil. J'avais programmé la remontée des gorges en catamaran, mais hors saison, celui ci ne travaille pas en milieu de semaine. De plus le plafond était très bas, si bien qu'en grimpant on s'est retrouvé dans le brouillard avec une visibilité plus que réduite. En certains endroits, la pente des coteaux étant moins raide, tout est recouvert de vignes en terrasses. Cela fait fortement penser à la vallée du Douro au Portugal. Lorsqu'il fait beau cela doit être enchanteur. Il ne faisait pas beau, nous sommes rentrés à la maison.

 

 

  Périple fin avril 2016, 10 jours, 2835kms parcourus. Je lisais sur la Galice que c'était "la Bretagne des pêcheurs sans retour, l'Irlande des bocages humides, une terre Celte" effectivement c'est vert, peut-être la partie d'Espagne la plus verte, mais c'est moins vert qu'en haut. C'est moins sauvage que dans certains coins du Connemara. Nous n'avons pas entendu de Gaita, la cornemuse d'ici sauf une fois en passant devant un magasin de CD, et encore moins de harpe. C'est Celte sans doute mais avec une forte coloration sudiste. Vu que je suis en train de comparer, je dirais que je préfère  l'Irlande mais je compare des impressions de maintenant avec d'autres vieilles de plus de 20 ans.