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Nord Vietnam en Honda
Écrit par Chrise&Semeac   

 

Au pays de l’Oncle HO, il y a une devise célèbre qui dit que rien n’est plus précieux que l’Indépendance et la Liberté.

Découvrir le Viet Nam à moto est une évidence car pour moi, ce moyen de locomotion réunit bien ces deux thèmes : indépendance du mouvement et liberté d’action. Cependant la mô tô vietnamienne est un objet rare. La restriction de ne pouvoir rouler avec un 2 roues plus gros que celui des gendarmes (250cc) n’a plus cours. Durant mon séjour d’un mois, j’ai vu une horde, une seule, de BMW GS… thaïlandaises qui ne sont pas passées inaperçues. Depuis peu, le permis international est reconnu, là également il n’y aurait plus de limitation. La restriction est plutôt financière, l’offre de location de motos de plus de 250cc étant rare et très chère. On m’a un peu forcé la main en me proposant une Honda Wave de 110cc, j’étais sceptique quant au déroulement du voyage, mais nous sommes de petits gabarits et à 2, sans bagages, nous sommes passés partout sans encombres. Dans certains chemins, j’ai même remercié par la pensée celui qui avait proposé un engin qui ne dépasse pas les 85kgs. Au Viet Nam, on ne peut pas rouler bien vite, 50kms/h est une très bonne moyenne et les beaux coins ne sont accessibles que tout au bout d’un chemin pour tout-chemins. Les routes dans la montagne sont assez défoncées et les travaux de réfections se rencontrent à la pelle. Les véhicules des particuliers servent souvent de rouleaux compresseurs et je ne regrette pas de ne pas y avoir roulé avec ma Norge.




Le but de cette sortie est de côtoyer quelques ethnies minoritaires, disséminées dans cette partie montagneuse du Viet Nam. Les ethnies, ont des coutumes et des langues différentes de celle de l’ethnie majoritaire que sont les Kinh qui représentent 90% de la population totale. Certaines ethnies ne comportent que quelques milliers d’individus. Dans cette partie nord du nord Viet Nam, on rencontre surtout les ethnies Tay, Hmong, Dao, Nung et Lolo. La différence visible entre les ethnies est vestimentaire. N’étant pas spécialiste, je ne pourrais à coup sûr les reconnaître, mis à part les Hmong Fleur et encore, seulement les femmes car les hommes s’habillent maintenant comme tout le monde de par le monde. La future mariée passe toute sa jeunesse à confectionner son trousseau. Ne comptez pas acheter un vêtement ethnique, ils sont hors de prix. Le gouvernement central oblige les enfants des ethnies à fréquenter les écoles de la République Socialiste et tout le monde se doit de parler vietnamien. En contrepartie, les minorités peuvent postuler pour les emplois de fonctionnaires, ce qui n’était pas le cas il y a peu. Je voulais absolument aller là-haut fréquenter un marché, coloré des différentes tenues vestimentaires même si ces tenues sont maintenant pour la plupart de fabrication chinoise. Celui de Bac ha est un des plus représentatifs et sans doute un des plus grands. Mais avant d’y aller, je vous recommande vivement de visiter le musée ethnographique de Ha Noi et le musée des femmes du Viet Nam pour vous en mettre plein les yeux.







Pour cette sortie, j’avais fait comme pour toutes mes sorties motos : programmer mon road-book avec soin grâce à ITN Converter. Les cartes Open Street Maps sont plus complètes pour les routes alors que Google Maps est plus complète pour les villes. Les informations sont cependant beaucoup plus parcellaires que pour les pays d’Europe par exemple. Sur place, les panneaux indicateurs sont rares et demander sa route à l’habitant du coin a encore cours au Viet Nam. En débarquant à Ha Noi, ma cousine apprenant mon programme de voyage a pris peur et me l’a communiquée. « Tu sais, la frontière chinoise n’est pas sûre, il y a des histoires d’enlèvements pour de sordides trafics d’organes humains. Tu n’es pas Tây (Occidental, il semblerait que les trafiquants, pour ne pas avoir de problèmes avec les consulats étrangers, ne s’attaquent pas aux Occidentaux). Tu y vas seul, y aller en couple cela revient au même. Tu ne parles pas bien la langue et donc en position de faiblesse en cas de discussions qui s’enveniment ». Elle voulait, parce que ma mère est sa tante préférée et pour sa quiétude personnelle, que je prenne un guide. Il s’est trouvé que le gérant du mini hôtel que ma cousine m’avait déniché avait, avant d’être gérant, déjà accompagné des touristes dans les montagnes du nord Viet Nam. Il était anglophone, jeune, dynamique, très sympa, très bavard et de plus, a accepté mon parcours sans hésitation. Avec du recul, je ne suis pas sûr que tout seul j’aurais pris les sentiers de traverse qu’il nous a fait prendre ni fait les rencontres que le hasard guidé a mises sur notre route.

 

 

Rouler pour sortir de Ha Noi est un exercice des plus flippants, surtout que ce sont les premiers tours de roues avec un nouvel engin et qu’on est plongé directement dans le bain en sortant de la ruelle où la mobylette était garée et que c’est l’heure de pointe du matin mais y a-t-il une heure de creux au VN et que la seconde vitesse ne se passe pas en remontant le sélecteur et qu’il n’y a pas de levier d’embrayage. Il faut également se mettre en tête qu’il n’y a pas de code de la route même si les Vietnamiens passent un permis. La seule certitude c’est que la conduite est à droite mais là encore ne soyez pas psychorigide. A un croisement avec une rue qui vient de votre droite, ne serrez pas trop à droite au risque de vous retrouver nez à nez avec un véhicule déboulant  de cette rue et donc roulant à gauche. Tous, je dis bien tous les cas de figures se rencontrent et il faut être prêt à toutes éventualités. Pour conduire au VN, il faut avoir fait des études de psychologie du comportement et le fait de savoir que pratiquement personne n’a une assurance pour son véhicule n’est pas de nature à rassurer. Autant vous dire que l’attention est à son maximum et que la tension nerveuse en fin de journée est réelle. Il faut plus se méfier de ses congénères à 2 roues que des automobiles. Je ne sais si la police est plus dure avec ces dernières en cas d’accident, en tout cas, elles démarrent des feux tricolores plus que calmement et laissent placidement les 2 roues effrontés slalomer à qui mieux mieux entre elles. Heureusement que tout se passe au ralenti à 35Kms/h, heureusement qu’au fur et à mesure que vous quittez la capitale, la route se désertifie et que la tension baisse d’autant, avec cependant d’autres rencontres, toutes aussi à leurs têtes et toujours têtues.

 

 

En arrivant à la première halte, après 180kms de route, j’avais la Wave bien en main. Son moteur est doux et il est inutile de jouer du sélecteur dans cette partie pas très vallonnée du Viet Nam. Les 4 vitesses sont bien étagées et la tenue sur l’angle est correcte, malgré des pneus proches de la taille de ceux d’un vélo. Le revêtement étant correct avec beaucoup de saletés cependant, le confort est donc bon. La conduite est naturelle et pas piégeuse pour 2 Dongs, on a bien affaire à une Honda. La sortie de Ha Noi s’est faite en évitant les parties autoroutières avec des routes relativement larges et plates autorisant des vitesses de 80Kms/h. A cette vitesse, une bulle ne s’impose pas, je constate cependant que mon appareil photo pendu à mon cou est couvert de poussière et qu’il n’y a pas d’impact de mouches sur le visage à déplorer. Après une route somme toute banale, nous sommes arrivés au lac de Thac Ba qui est le plus grand plan d’eau du nord VN. Une promenade en bateau sur le lac était prévue. Les barques en bois étanchéisées avec du ciment ne sont pas très stables et même si l’eau était tiède, nous n’avons pas bougé de nos places respectives, la traversée durant. Promenade d’une tranquillité absolue après les quelques jours passés dans une capitale somme toute trépidante. La surface plate est constellée de petits monts herbeux avec quelques restes d’arbres au sommet et là, nous apprenons que les buffles nagent d’un îlot à l’autre. L’eau par endroit ne semble pas très profonde et les monticules herbeux  sont parfois assez groupés. Vers le soir quand tout souffle de vent se tait et que l’eau, l’air et la terre revêtent la même couleur, la magie de l’instant vous transporte.

 

 

Alors que le soir tombait, la batelière nous parle de poissons grillés sur une île à elle. La hutte de bois et de feuillages au sommet nous attendait, une énorme carpe fut sortie du vivier et vidée à même le lac, 2 poulets qui passaient par là subirent le même sort. Autour du feu qui chassait les moustiques, en devisant, nous attendîmes tranquillement que le poisson et les poulets soient cuits, qui attisant les braises, qui tournant le poisson sur sa broche en bambou. Les gens du coin vivent pour la plupart du bois destiné à faire du contre-plaqué ou de la pâte à papier. Notre hôte avait un grand vivier au large devant la hutte où il entreposait les produits de sa pêche. Il y avait de gros bestiaux, le lac semble poissonneux. Il faisait doux et les grenouilles coassaient, cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu pareil concert de batraciens. Egayant cette soirée de Robinson et volant au-dessus de quelques touffes, de minuscules lucioles formaient de petits nuages verdâtres me faisant penser à une envolée de la Fée Clochette dans Peter Pan. Dans le noir en contre-bas, 2 ou 3 lamparos se déplaçaient lentement pour une nocturne partie de pêche. Nous grimpâmes au premier étage de la hutte par une échelle à poules, ces dernières dormant sous l’étage. La hutte est constituée d’une seule pièce et sur une natte, éclairée par une lampe de 12V, le plateau de victuailles grillées était disposé bien au centre. Nous nous installâmes autour, assis en tailleur, à manger poulet et poisson à grands renforts de petits verres d’alcool de maïs. La carpe était délicieuse avec une chair onctueuse et ferme, je ne savais pas qu’une carpe pouvait avoir pareil goût. Le retour en barque et dans le noir fut planant, mon voisin sentait fort l’alcool.

 

 

Nous sommes arrivés vers les 22h à notre Nha Tro (Chambre d’Hôte). Le logeur nous attendait ; la pièce d’entrée étant éclairée, une foultitude d’insectes volants inconnus, sorte de croisement entre gros papillon de nuit et cousin, voletaient aux 4 coins de la pièce. 22h est une heure très tardive pour le Viet Nam, la nuit tombant sur les coups de 19h. Il a plu très fort durant la nuit, les tôles des toits jouant leur rôle  d’amplificateurs ; au petit matin, les routes étaient bien mouillées. A chaque début de parcours, le rituel était de trouver une gargote en bord de route pour une soupe chaude parfumée. C’était souvent un Pho. A Ha Noi on trouve la plupart du temps du pho au bœuf (Pho Bo) à Saigon on trouve beaucoup plus de pho au poulet (Pho Ga). Ici tout est baptisé pho et  avec toutes sortes de viandes et on trouve même du pho aux Banh Cuon (sorte de raviolis blancs). Normalement le pho se fait avec des nouilles longues de section carrée ou rectangulaire. Rassasiés nous reprenons la route avec toujours autant peu de monde mais rencontrant toujours de temps en temps quelqu’un. Il y a peu d’espaces vraiment déserts au Viet Nam. Les routes fatalement croisent les rivières et pour passer de l’autre côté il y a 2 solutions : le pont ou le bac, le 2° étant plus exotique pour un Français moyen. Sauf qu’au Viet Nam, l’aventure vous attend au détour d’un simple pont, un pont suspendu toutefois. Aux qualificatifs que j’ai donnés plus haut pour mon guide, je rajoute téméraire et si l’an prochain, on réemprunte ce même pont, je rajouterai casse-cou. Le bac est plus confortable.

 

 

 

Hoang Su Phi est connue pour ses rizières en terrasses. Certes moins connues que celles de Bali, elles sont moins spectaculaires que leurs grandes sœurs mais elles ont un aspect plus sauvage. De plus, je ne suis pas à la bonne saison, quand les épis de riz sont mûrs et que les serpentins horizontaux jaunes se détachent du vert des arbres. En Mai, le riz émerge à peine de l’eau. En Mai l’eau est trop présente partout, surtout dans l’atmosphère, rendant les photos floues. Les chemins pour atteindre certains points de vue où les 4X4 ne peuvent aller, sont bien détrempés, au grand dam de ma passagère qui parcourait à pieds les portions de montée ou de descente scabreuses avec les chaussures ayant triplées de poids du fait de la boue hyper-collante. Aux pieds de ces rizières, on ne peut qu’être admiratifs devant la montagne de labeurs requis. Combien d’heures de travail a nécessité un tel ciselage des collines et quelle adresse pour que tout soit de niveau. L’apport en eau est naturel, pas d’irrigation forcée, tout est à la grâce du Génie du temps. Quand nous coupons les moteurs pourtant silencieux de nos Honda, c’est le silence encore plus exacerbé que nos oreilles entendent. Travailler manuellement en silence le dos courbé heure après heure, jour après jour, génération après génération, cela force le respect. Je perçois une ombre rouge furtive derrière moi, une petite fille est venue voir les étrangers qui dérangent l’ordre établi. Elle a surgi de nulle part, je ne vois pas d’habitation aux alentours ; elle disparaît aussitôt vers le nulle part, sans échange et sans bruit dès que son regard croisa le mien.

 

 

 

Pour aller à Hoang Su Phi il faut quitter la route principale qui va vers Ha Giang. Les routes sont étroites souvent précaires avec beaucoup de portions en travaux. On ne traverse pas de villes mais plutôt des villages avec un ordonnancement à la vietnamienne, c’est-à-dire pêle-mêle. L’ordre et la rigueur, c’est pour plus tard. Actuellement tout le monde court plutôt à l’essentiel. Il n’y a pas d’argent pour le superflu. La panne d’essence n’est pas à craindre, les Honda sont sobres 3l aux 100 maxi même à 2 en montagne et on trouve des postes à essence rudimentaires partout, il suffit d’ouvrir l’œil. Ils ne sont pas signalés comme autrefois, par des bouteilles en plastique remplies, posées au bord de la route mais ceux-ci avec leur bulbe en verre ont une lointaine parenté. Ils peuvent même jouxter un étal de viande. La bouchère peut cumuler avec un emploi  de pompiste. Dans ces régions montagneuses le petit moteur est mis à rude épreuve, j’ai souvent dû rétrograder en 1°. Du coup, on avait du temps pour admirer le paysage. C’est surtout les parties de routes défoncées qui faisaient crier ma passagère. Les suspensions talonnaient à chaque fois.  Le soir dans le Nha Tro trouvé par hasard, le fin matelas dur posé à même le plancher nous a paru moelleux. On était les tout premier clients de notre hôte qui se lançait dans l’aventure de la chambre d’hôte authentique. C’est vrai que c’était authentique. Chrise aurait préféré que les sanitaires le fussent moins. Sur le côté du lit était pliée une couverture chaude, je n’ai jamais vu de couverture aussi épaisse et aussi dense. Je suppose que les hivers doivent être rudes par ici surtout quand les ouvertures baillent et que le toit est sans isolation. L’hôte était de l’ethnie Dao et était né de l’autre côté de la frontière. Il se reconvertissait car son métier dans l’administration ne payait pas assez.

 

 

Rizières en terrasses, hameaux, collines… rizières, hameaux, collines et parfois petites villes défilent virages après virages. Quand le mal aux fesses se faisait trop sentir, une halte Jus de canne à sucre s’imposait. Le tout premier verre, je l’ai bu avec circonspection, me souvenant d’une diarrhée carabinée quelques années auparavant après avoir cédé, une journée de grande chaleur. Je peux dire que le niveau de salubrité au Viet Nam  a bien progressé. Maintenant, je n’hésite plus à prendre des glaçons dans mes boissons et à manger les plats avec salade, crudités et herbes odorantes sans quoi les plats vietnamiens n’auraient pas de saveur. Un conseil, buvez du jus de canne à sucre, c’est délicieux. De plus, vous avez droit au spectacle : la canne à sucre est d’abord épluchée avec un gros couteau économe puis fendue en partie pour pouvoir y glisser un demi-citron vert, le tout passe dans une machine qui lamine pour en extraire le jus ; on vous sert le liquide, sans additif, jaune légèrement verdâtre qui pourrait vous rappeler le Pastis Marseillais, dans un grand verre avec 4 glaçons. Autour de nous, ils préfèrent la bière ou le coca, histoire de standing. A la rigueur, prenez un Ca Phe Da (café glacé), c’est du local. Il faut déjà repartir ; dès qu’on roule, la chaleur devient supportable mais les nids de poules sont toujours là. Nous arrivons à la ville de Ha Giang où, au centre, se trouve bizarrement une borne 0Km. Ha Noi est à 320Kms. La ville de Ha Giang n’a rien d’extraordinaire à voir. C’est plutôt la province éponyme qui donne la notoriété au nom Ha Giang.

 

A chaque petits cols, on trouve des stands où l’on peut se restaurer, acheter des produits locaux. De même, dans un creux de virage, on vous propose des épis de maïs bouillis ou grillés, des œufs durs, des saucisses ou des beignets qui viennent juste de frire. Le coût de la nourriture étant faible, Il est inutile d’emporter son pique-nique. On est assuré de pouvoir grignoter presque partout et des produits frais et ce, à n’importe quelle heure de la journée. Pour les repas de midi il en va de même. Il ne faut pas regarder le désordre environnant la gargote, il faut souvent se baisser pour être sur de petits tabourets à ras du sol, il ne faut pas regarder par terre car les Vietnamiens n’ont, pas encore tous, perdu l’habitude de jeter sous la table os et essuie-tout en papier usagés, même si maintenant il y a des poubelles sous les tables. Le choix des plats est restreint mais il est sûr que ce n’est pas du réchauffé, vous n’entendrez jamais le tintement d’un four à micro-ondes. Les soupes, c’est plutôt pour le matin. Pour le midi et le soir, un repas ordinaire est à base de riz. Ne soyez pas surpris de la présence d’une soupe claire. Usuellement, les Vietnamiens ne boivent pas en mangeant, ils terminent leurs repas avec cette soupe claire pour faire passer les aliments solides. Pour les repas moins ordinaires, ils ne mangent jamais de riz. Dans ces gargotes, je me suis souvent régalé. La commande passée, vous avez juste le temps d’essuyer la paire de baguettes et la cuillère disposées dans des vases avec un essuie-tout en papier disposé en pile que les plats fumants arrivent sur la table.

 

 

A Quan Ba se trouve la Porte du Ciel (Cong Troi). C’est la porte d’entrée pour accéder au Haut Plateau de Dong Van. En 1939, un mur de pierre et une porte en bois étaient installés là pour bloquer le passage.  La Porte du Ciel s’ouvre maintenant sur la Route du Bonheur (Duong Hanh Phuc). Cette route portant le matricule QL4 datant de 1960 permet de relier Meo Vac. Les travaux ont atteint cette porte en 1962. L’altitude est de 1000m au-dessus du niveau de la mer et la température moyenne est de 16°C-17°C. Ha Giang est à 43Kms, Tran Tam Son est à 3kms. Par beau temps, on peut observer la campagne autour de Quan Ba… Route du Bonheur peut-être pas pour ceux qui y ont travaillé, ce sont plus de 20.000 membres des jeunesses communistes, durant cinq ans, qui ont creusé cette route dans la montagne, pour relier la ville de Hà Giang au district de Mèo Vac. Quand on voit les moyens de terrassement actuellement utilisés, on suppose les moyens de l’époque.  Quelques années plus tôt, on voyait beaucoup plus de femmes charriant des corbeilles remplies de cailloux ; le métier s’est masculinisé. Cette route a amélioré les conditions de vie des habitants locaux et maintenant celles des touristes. Une stèle au col commémore les efforts de ces bâtisseurs volontaires. Après la vue depuis le Cong Troi, on descend vers les Monts de la Fée. Monts suggestifs d’une Fée qui a dû laisser ses seins pour nourrir son enfant resté sur terre quand elle fut obligée de regagner le ciel. Les Vietnamiens font partie des derniers peuples romantiques sur terre m’avait affirmé un ancien camarade de promotion expatrié à Saigon pour son travail.

 

 

Le paysage est encore à dominante vert et on trouve toujours çà et là des collines en forme de cônes déformés. On en verra en nombre plus au nord. Puis presque brutalement la couleur change, de vert la terre passe au jaune ocre enchâssant des pépites de pierres noires, qui peu à peu prennent de plus en plus de place pour envahir l’espace et effacer complètement la couleur jaune, phagocytant toute la terre. Nous sommes sur le plateau karstique de Dong Van (Cao Nguyen Da Dong Van). Au Viet Nam, il n’y a qu’un seul parc géologique et le plateau de Dong Van est classé dans le Réseau des parcs géologiques mondiaux de l’UNESCO depuis 2010, le 2e au niveau Asie du Sud-Est. La rudesse du lieu pourrait faire fuir toute vie ; il n’en est rien, les gens d’ici Tay et Hmong exploitent le moindre recoin où il n’y a pas de roche, le moindre creux reçoit son pied de maïs. Dans leurs tenues noires, quand ils sont immobiles, ils se fondent dans le paysage. J’ai vu une vieille vidéo datant des années 1940 où l’on voit ces gens tenaces cassant la roche à coups de masse et de barre à mine pour gagner quelques mètres carrés de terre. Quelle vie ! Mais quel paysage! Le plateau attire de plus en plus de visiteurs chaque année et ce n’est que justice. Il faudrait pour cela que le réseau routier s’améliore. Tout compte fait, il ne le faut pas ; à l’image des gens méritants de par ici, il faut les mériter, ces beaux paysages.

 

 

Nous glissons vers la pointe septentrionale du pays, à Lung Cu. Lung Cu est à près de 1500m d’altitude. Le point le plus haut se trouve plus au sud vers Sa Pa et dépasse les 3000m. Pour marquer la pointe du pays, une tour y a été érigée et au sommet de la tour un drapeau rouge, avec au centre une étoile jaune, de 54m2 symbolise les 54 ethnies. Le paysage se fait plus escarpé mais sans pics acérés. C’est plutôt une succession de pains de sucre juxtaposés serrés qui barrent l’horizon. Du haut de la tour, accessible moyennant monnaie et je ne sais plus combien de marches, la vue se fait sur 360°. La construction n’est pas vieille : 2010. Il y a foule, les bouts de terre aimantent comme partout les foules, les Vietnamiens visitent de plus en plus leur pays, surtout les jeunes, à 2 sur une Honda, en bande. Autour du mont d’où pointe la tour, une cuvette à fond plat permet une vraie agriculture, avec de vrais champs, nous ne sommes plus sur le plateau karstique. Les machines agricoles mécanisées n’ont pas encore atteint ce coin extrême. Mais il est vrai comme partout ailleurs, on ne voit pas beaucoup de machines mais beaucoup de buffles. Ici ce sont des zébus, les buffles ne vont pas à la montagne. Le travail se fait au rythme des bêtes, comme autrefois en France et l’homme semble se fatiguer avant la bête. Les champs sont d’un vert tendre ; au premier abord, ces feuilles dentelées pourraient faire croire à de l’herbe recherchée par certains fumeurs, cependant il n’y a pas l’odeur. En regardant de plus près, il n’en est rien, seulement du chanvre, avec quoi voulez-vous tisser les robes colorées.

 

 

On s’éloigne de la frontière pour revenir sur Dong Van. Sur notre route, un palais ancien en pierres dans cette campagne aux demeures modestes attise notre curiosité. Le détour n’est pas inintéressant. La demeure de l’ancien roi des Hmong est juste derrière la place du marché. « …Le palais de Vuong du clan Huang est calqué sur l’architecture chinoise de la dynastie des Qing mais avec des motifs ornementaux spécifiques aux Hmong. Les matériaux sont principalement la pierre et le bois. Le toit est couvert de tuiles “yin-yang”, se chevauchant harmonieusement. Toutes parties, qu’elles soient en pierre ou en bois, sont couvertes de sculptures de dragons, de phénix, de chauve-souris… symbolisant la prospérité et la longévité d’une famille de haut rang. Ainsi, sur les principales colonnes, du sol au plafond, on observe des sculptures de carapaces de tortues et d’écailles de dragon. Autour du pied des colonnes plus petites, ce sont des motifs de chauves-souris. Les extrémités du toit de la maison sont recourbées, comme les ailes d’un dragon. Construit entre 1920 et 1928, selon les principes géomantiques, ce magnifique palais est un subtil et réussi mélange de l’art traditionnel Hmong et chinois. La famille Vuong a établi sa domination dans les secteurs de Dong Van et Meo Vac sous la dynastie Nguyen. Par la suite, les Français, durant le régime colonial, voulant maintenir une certaine emprise sur le territoire frontalier, ont sacré Vuong Duc Chi roi du peuple Hmong en 1900, faisant ainsi de lui un fidèle allié. Ainsi, un palais grandiose lui a été construit pour asseoir son autorité… »

 

 

 

La voix off de la 2° partie du reportage dit : …Les habits peuvent ne pas être suffisamment chauds, l’argent peut ne pas couler à flots mais il ne se peut pas qu’on puisse manquer un jour de marché…Nous n’avons pas manqué celui de Dong Van qui se passe tous les dimanches. Tôt le matin, les habitants des alentours convergent vers le marché, souvent en habit du dimanche. C’est un lieu haut en couleurs comme je l’espérais. A 9h, la foule est déjà bien compacte et il faut jouer des coudes pour avancer. Les gens d’ici ne s’en privent pas, dès que vous hésitez, ils vous passent devant. En plus des couleurs vous avez les bruits, pas le bruit des klaxons de Ha Noi mais le brouhaha des langues déliées et les cris stridents des porcelets apeurés. Je perçois des bribes de vietnamien parmi des bribes de langues étrangères. Les Vietnamiennes de la ville, ici en touristes, se remarquent par leurs tenues et par leurs manières. Les Vietnamiennes de par ici troquent de plus en plus leur sac à dos en osier typique par des conteneurs en plastique mais portent toujours leur bébé à l’ancienne. On trouve de tout sur ce marché, ici les victuailles, là les objets confectionnés ici ou par-delà la frontière, là-bas les animaux. Le coin de l’alcool de maïs contenu dans des jerricans de 25l n’est pas si grand que ça. Tout le monde se bouscule gentiment sans s’occuper de ses voisins mais avec les yeux rivés sur la marchandise convoitée. Je ne convoite rien, seulement les mimiques des gens et la mythique soupe Thang Co, spécialité culinaire de ces zones montagneuses. A côté de ma table, un journaliste d’une équipe de télé japonaise cherchait les qualificatifs appropriés pour vanter le contenu de la bassine qu’il avait devant lui.

 

 

A Dong Van, à côté du marché se trouve la vieille ville. Nos pas curieux ont foulé ce lieu historique. En même temps que nous, 3 jeunes filles Hmong en habits traditionnels et pare-soleil se faisaient photographier devant les vieilles maisons les mieux conservées et toujours habitées. « … Plusieurs histoires relatent les changements au fil du temps du vieux quartier de Dong Van, mais la plus connue raconte que le terrain était tout d’abord habité par quelques habitants des ethnies Tay, Hmong et Hoa (chinois immigrés), il y a 200 ans. Plus tard, avec l’arrivée d’autres ethnies minoritaires telles que les Nung, les Dao et même les Viet, la commune s’est agrandie. Au début du 20e siècle, à la suite d’un grand incendie, le marché et la plupart des maisons du vieux quartier de Dong Van ont été détruits. On en a profité pour réaménager la ville en invitant les maçons Chinois du district Tu Xuyen aux travaux de reconstruction. Les constructions du vieux quartier de Dong Van, certaines toujours présentes, sont d’influences française mais aussi chinoise. Les maisons typiques, elles, sont construites sur deux étages et sont ornées d’un balcon, de balustrades en bois et d’une lanterne rouge suspendue à l’entrée. Les grands piliers de ces habitations sont faits de bois d’arbres centenaires alors que les murs sont fabriqués en latérite ou en pierre, matière plus qu’abondante dans cette grande région karstique. Les toits sont faits de tuiles disposées en rangs respectant le principe de géomancie chinois. Elles sont entrelacées : l’une tournée vers le haut représentant le yang alors que l’autre tournée vers le bas représente le yin… »

 

Pour voir Dong Van de haut, il faut grimper un étroit chemin bétonné. Le guide ne m’avait pas averti de la forte pente. A mi-parcours, j’ai abandonné juste avant une épingle à cheveux mortelle, sans parapet c’était quand même un peu dangereux. J’ai donc terminé le chemin à pieds avec le guide,  non sans mal vu la déclivité, en pensant à la vaillance du petit moteur de la Honda. Quelques téméraires avaient réussi l’exploit d’arriver au sommet. A la descente, en duo s’il vous plaît, mais ils étaient jeunes, ils ont dû tout serrer : freins et fesses. Pour ma propre descente, le problème d’entrée a été de faire demi-tour, puis à grimper sur l’engin car freiner que du frein avant n’était pas suffisant, la roue avant bloquée, l’adhérence du seul pneu avant n’était pas suffisante pour immobiliser le mobile. Tout en haut, les restes d’un vieux fortin français témoignent de la présence de ces derniers et ce, depuis 1897. Ils avaient établi cette forteresse pour contrôler  la région du haut de ces 1213m, pour faire face à l’armée des insurgés de Sung Mi Chang entre autres mais l’ennemi ne venait-il que du nord ? Cela m’a rappelé mon service militaire où on nous apprenait à se méfier de l’est : en France, l’ennemi vient forcément de l’est. Les derniers occupants ont quitté les lieux en 1945. En franchissant la porte cintrée, je me suis demandé quelle ambiance devait régner à l’époque, à l’intérieur des murs et la vue que pouvaient avoir ces soldats si loin de chez eux. Le côté vers la ville a dû forcément changer mais vers l’arrière, vers les montagnes, 120 années n’ont rien dû modifier. Je vois ce qu’ils ont dû voir.

 

 

La ville de Meo Vac n’a pas de lieux intéressants à visiter. C’est surtout la route qui y mène qui vaut le détour. La route Dong Van – Meo Vac est en effet parmi les plus spectaculaires et les plus sensationnelles du Vietnam. Pour aller de Dong Van à Meo Vac, c’est 15km de bonheur sur la route éponyme. Une route étroite, en lacets accrochée à flanc de montagne, qui passe par le col de Ma Pi Leng. Ma Pi Leng (Nez du Cheval…qui fume doit on rajouter pour signifier la difficulté pour franchir la passe) est l’un des quatre plus hauts cols du Nord du Vietnam, les autres étant : Ô Quy Hô entre les provinces de Lào Cai et Lai Châu, Khau Pha dans la province de Yên Bai et Pha Din entre Son La et Diên Biên. C’est une route vertigineuse ; tout en contrebas c’est-à-dire 400m plus bas, coule la rivière Ngo Que. En plusieurs endroits, on a de beaux points de vue sur le canyon de Tu San. La physionomie du lieu va bientôt changer. Dans la brume au fond, on peut voir une construction de barrage bien avancée. Avant, c’est-à-dire il y a 15ans, il y avait souvent des coupures de courant en ville et même des coupures d’eau. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le long de la route, il y a des rochers sur lesquels vous semblez dominer l’espace, vertige garanti avec ou sans bras en croix.  Dong Van et Meo Vac sont dans un périmètre sensible car proche de la frontière chinoise. Le coin est sous contrôle militaire, Il  faut une autorisation administrative des autorités policières de Ha Giang pour pouvoir y circuler. Le guide s’est occupé pour nous des formalités. Ceci dit, je n’y ai pas vu de contrôle et la police reste très discrète sur les routes.

 

 

Dans la région de Bao Lac vit l’ethnie Lo Lo, rendue célèbre en France grâce à l’émission télé En Terres Inconnues. Notre guide découvrait comme nous l’endroit. En questionnant de ci, de là nous tombons sur un habitant d’un des villages cachés dans les monts. Nous fûmes sans façon invités à boire le thé chez lui. Quand on arrive, au bout d’une longue-longue piste, on ne voit pas le village. Les maisons sont disséminées dans la forêt de bambous. Les gens sont loin d’être les uns contre les autres. Des chemins zigzagants relient les maisons. Nous arrivons à 1 point d’eau, il est 17h, l’heure du bain des petits. Des Hellos fusent, preuve que des étrangers sont déjà passés par là. A l’étage de la cabane, c’est l’heure de préparation du repas du soir. Sur le plancher en bois, c’est impressionnant de voir le feu qui chauffe la marmite au sol.  Autour du feu, les 3 femmes de la maison, la grand-mère en tenue traditionnelle, avec un éclat de rire a dit qu’elle figure dans le film, que tout le village avait vu le film quand le producteur est venu le leur présenter. Le fils nous dit que dans le village il y avait, un couple d’étrangers qui allait passer la nuit dans une chambre d’hôte. Nous sommes revenus à Bao Lac dormir. Le lendemain au bord de la route nous tombons sur le couple qui avait dormi dans le village. La femme nous a raconté sa nuit agitée : avant d’aller dormir, on lui dit que par ici, il y avait des fantômes hurleurs qui rôdent la nuit. Effectivement vers les 3h du matin, elle est réveillée par des cris horribles. Courageuse, elle sort de sa chambre et descend au rez-de-chaussée où il y avait de la lumière et là, elle voit un groupe d’hommes autour d’un cochon qu’ils venaient de tuer et étaient en train de boire le sang chaud. En riant de toutes leurs dents rouges, ils lui ont proposé de partager le breuvage, elle n’a pas osé.

 

 

Entre Bao Lac et Cao Bang, la route n’a rien d’extraordinaire pour quelqu’un qui roule maintenant depuis plusieurs jours et qui a traversé le plateau karstique de Dong van. La route est longue jusqu’à Cao Bang. Cao Bang sonne bien à l’oreille. Ce nom est connu, entendu dans une chanson du groupe Indochine. C’est aussi le nom de la première retraite sanglante française en Indochine. Il faut dire que le Viet Minh connaît bien le coin. Les invasions de Mongols ou de Chinois passaient toujours par ce corridor depuis des millénaires. Tous les stratèges Viet ont étudié la topologie de Cao bang. Cao Bang n’est pas notre étape, on n’y fait que passer pour aller jusqu’à Ban Gioc. La fatigue de la route se faisant sentir, on s’arrête avant. Dans la campagne environnante, beaucoup de maisonnettes sont en parpaings bruts. Je me demandais si le conflit frontalier de 1979 n’avait pas sévi par ici. Le guide a été très évasif. La campagne en dehors de la grande route est calme et reposante. Tout ce qui est plat est cultivé. De temps en temps de très grands arbres avec peu de branches au sommet se dressent au-dessus des cultures ou d’une habitation. Je me demandais si avant-avant une forêt de tels grands arbres ne recouvrait pas toute l’étendue. Une rivière n’est bien sûr pas loin, dans ce pays d’eau, la couleur de l’eau est bleu vert sombre. Au passage d’un petit pont des enfants se baignaient sous la surveillance d’une mère, il était 17h. On n’a pas eu droit au moindre Hello. Au loin une femme faisait la lessive à même la rivière, des scènes qu’on ne voit plus en France.

 

 

Il y a beaucoup de grottes au Viet Nam. Une parmi celles-ci est célèbre pour avoir été le refuge d’Ho Chi Minh durant la guerre anti-française. C’est au Viet Nam qu’on peut trouver la plus longue grotte au monde, quelque chose comme 30kms de long, la plus grande avec une salle de 200m de haut située dans le parc National de Phong Nha, dont le prix pour la visite est calqué à son image : démesuré. Celle qu’on a visité dans les parages, la 2° du parcours, est bien plus modeste, avec son lot de stalagmites qui montent et de stalactites qui tombent, éclairées comme il se doit. Au centre d’une salle, une stalagmite en forme de candélabre remarquable, était prise d’assaut pour des photos inoubliables malgré les pancartes d’interdiction de grimper. Je me suis demandé ou était passée la discipline communiste, tout fout le camp. La route d’accès à cette grotte, encore en travaux,  était balisée de drapeaux rouges flottant au vent. Les drapeaux étaient neufs, d’un rouge vif, ils ressortaient bien sur le vert environnant. Sur ma Honda quand j’ai défilé entre ces deux rangées d’oriflammes, toutes proportions gardées, les images d’un film de Yiumi Zhang, avec ses cavaliers en armure en train de charger portant pareils drapeaux, me sont venues en mémoire. Au bout était le comité d’accueil. Durant notre périple, quand on traversait les villages, toutes les maisons arboraient des drapeaux rouges avec une étoile jaune au centre. Je croyais les Vietnamiens patriotes, en fait on était début Mai et je ne me souvenais plus que la chute de Saigon était un 30 Avril 1975.






Les chutes de Ban Gioc sont belles. Elles se situent à la frontière avec la Chine. La limite des 2 pays passe au milieu de la rivière. La rivière n’étant pas large, il est à parier qu’il existe un trafic de marchandises entre les 2 rives. On peut voir des radeaux chargés mus à la perche, aller et venir en plein jour d’un bord à l’autre. Il y a 2 débarcadères, sur la rive droite celui du Viet Nam et sur la rive gauche celui de la Chine. Les 2 proposent des barges motorisées identiques pour aller au plus près des chutes. Les barges s’entremêlent sur l’eau mais il est facile de reconnaître les chinoises des viet ; sur les chinoises, tout le monde porte un gilet de sauvetage. N’allez pas conclure qu’en Chine, ils sont plus stricts et plus réglementaires qu’au Viet Nam. Une petite cousine travaillant dans un grand hôtel international (celui où est descendu Barack Obama en visite au Viet Nam) me disait que dans la clientèle de l’hôtel, elle détestait par-dessus tout la clientèle chinoise, parce qu’elle ne savait pas se tenir. Ce à quoi son mari nous dit que les Viets ont à la base un peu de sang chinois. Les chutes de Ban Gioc sont vraiment belles, cela se sait et il y a foule sur la berge avec ses sempiternels marchands de ce que vous voulez. J’ai quand même été surpris de me voir proposer par 32°C des châtaignes grillées ; de vraies châtaignes comme celles qu’on vous propose de plus en plus rarement en France à la Noël

 

 

 

En revenant un peu sur nos pas, on peut visiter une pagode au sommet d’un mont qui domine la vallée. Au pied de l’escalier raide, décoré des drapeaux bouddhistes, qui grimpe vers les hauteurs, on se sent humble. Tout en haut, dans le bleu, la méditation doit être facile. Une dame blanche avec les symboles consacrés vous accueille, l’air énigmatique comme il sied au lieu. Elle brille tant qu’elle a l’air neuf.  Effectivement l’ensemble a été construit il y a une dizaine d’années pour marquer l’entrée du territoire vietnamien d’après mon guide. D’en haut on peut admirer les chutes dans leur ensemble. Il y a une belle vidéo sur Youtube montrant les chutes filmées depuis un drone. La vision des chutes du ciel en est plus belle. Mais la vision sur la vallée qui s’enfonce vers l’intérieur du pays m’interpelle encore plus. Ce genre de paysage a des réminiscences dans mon subconscient comme celles d’une autre vie. Cette impression visuelle, je la retrouve dans les sons, comme lorsque je suis revenu pour la première fois au Viet Nam, lorsque dans la torpeur de la nuit, une marchande ambulante m’avait réveillé en chantant sa mélopée, une fissure s’était faite en moi. Derrière moi sur l’esplanade jouxtant la pagode, il y a un grand jardin des souvenirs. Soudain, c’est le silence qui se remarque le plus, mais mon guide volubile est venu casser ma réflexion. Nous sommes redescendus à pieds tous les 2 vers le monde des marchands, Chrise ayant pris un Xe Om pour monter et descendre.

 

 

 

 

Demain, c’est le dernier jour du périple. Une halte pour la nuit à Lang Son permet de couper en 2 la longue route de Ban Gioc à Ha Noi. Avant Lang Son, il y a Phuc Sen et son artisanat de coutellerie. Le travail du métal, je connais, mais j’aime bien voir comment le fer dur et solide peut devenir docilement ductile. Il faut du feu et de la force. La vie des femmes de forgerons à Phuc Sen n’est pas enviable, c’est elles qui font office de marteau-pilon. Notre forgeronne semblait bien frêle mais bien énergique et active. Pendant qu’on prenait le thé pour faire connaissance, elle était partie dans un coin faire de la broderie. La matière d’œuvre des couteaux est la lame de ressort des jeeps de récupération. Je reconnais bien là l’esprit débrouillard des Viets. C’est dans l’esprit des sandales taillées dans les pneus usagés. Le reste est classique, et l’amenage du fer au rouge et la découpe des lames à la dimension voulue à l’aide de coins aiguisés. L’acier à ressort prend bien la trempe austénitique. Les couteaux obtenus n’ont pas la présentation des couteaux inox mais leur tranchant dure plus longtemps. J’en ai embarqué un dans ma valise en soute lors du vol de retour sans que quelqu’un ait eu à redire. Lang Son même by night du haut des monticules ne suscite pas de commentaires. Nous rentrons par la route nationale 1, celle qui relie la Chine à Ha Noi. C’est identique à la route de Bayonne à Bordeaux avec la circulation des camions espagnols et portugais. La circulation des très-gros camions y est dense et stressante. Le retour s’est effectué sans problème.

 

 


Impression de voyage au Viet Nam d’une dizaine de jours à la frontière avec la Chine en Honda Wave110 en duo début Mai 2017 avec guide roulant sur un véhicule identique qui transportait tous les bagages. 1500Kms parcourus. Un peu fatigués sur la fin et mal aux fesses pour la passagère. Temps humide les 3 premiers jours, chaud voire très chaud ensuite. Le guide roulait avec manches longues et gants pour se protéger du soleil. Roulant sans gants, j’avais quelques cloques sur la peau plus que bronzée vers la fin. Il est inutile de réserver les logements à l’avance, on a juste eu un souci à Dong Van où il y avait affluence de jeunes qui investissaient les logements à faible coût. Lorsqu’on ne parle pas le vietnamien couramment, un guide est indispensable si on veut approfondir un tant soit peu. Ce voyage en 2 roues, je le rêvais depuis un moment. En plus de la sensation de liberté procurée par un 2 roues et l’attrait de la découverte de paysages nouveaux, il y a le dépaysement radical d’un pays en évolution.

S’il fallait refaire ce tour : Il faudrait changer la fin entre Ban Gioc et Ha Noi, peu intéressante, trop longue, risquée avec cette route nationale QL1. Il faudrait supprimer Lang Son, passer plus vers l’intérieur avec une visite des plantations de théiers de Thai Nguyen. Il faudrait moins d’activités  sur Dong Van et faire par exemple le marché du Dimanche de Meo Vac à la place du marché de Dong Van. Il faudrait des engins un peu plus puissants surtout si on voyage à 2 avec bagages et donc avoir des engins avec support pour le transport des bagages. Il faudrait alterner logement basique avec logement de moyen standing un jour sur deux, pour un meilleur confort.

Pour ceux qui n’aiment pas lire, ci-dessous les liens pour une video de compte-rendu en 3 parties :

 

https://youtu.be/g0MeP9HoyKI (Vietnam en Honda 1/3)

https://youtu.be/9NngRX9NO6E (Vietnam en Honda 2/3)

https://youtu.be/Gb89gDn96r4  (Vietnam en Honda 3/3)